Nous sommes le vendredi 02 juillet 2010. Je vais retourner pêcher, sur le poste de mes dernières vacances. Cette fois, je compte bien ne pas quitter les lieux, en milieu de session. Le Rhône s’écoule comme un long fleuve tranquille, se baladant d’un herbier à l’autre. La veille, j’ai préalablement amorcé la zone de pêche, avec des bouillettes et du pellet. J’arrive sur place le vendredi soir, vers 17h30. C’est la canicule depuis une semaine, le thermomètre affiche plus de 30°C. C’est la raison pour laquelle j’ai choisi ce poste de pêche. Le courant est non négligeable avec de gros herbiers sur la digue et la bordure. Avec de telles températures, le poisson a besoin d’oxygène et d’abris contre le soleil. Les conditions halieutiques sont idéales pour faire une bonne pêche. Je m’installe péniblement, en essuyant les gouttes de sueur dégoulinantes de mon front. J’esche mes trois premières lignes aux pellets de 25mm. Mon schéma tactique est de stopper le poisson montant et descendant dans le courant. Je dispose mes lignes en formant un éventail de la gauche vers la droite. Pour la dernière canne, comme la fois d’avant, je sors ma bouée tyrolienne. Je dépose mon gadget sur la digue présente à 70m du bord. Je garnis le cheveu de mon hameçon avec deux bouillettes carnées. Je pars poser la plombée une dizaine de mètres derrière la bande d’herbier. Lors du retour, j’emprisonne mon fil dans le mousqueton de la bouée. Une fois sur la berge, je tends la ligne de manière à ce que la bannière ne touche plus l’eau.
Il est 20h, je peux enfin poser mes fesses sur mon level-chair. Il fait encore très chaud, plus de 20°C. Le sommeil va être dur à trouver. Je prends une bonne douche, histoire de revigorer le bonhomme. Je conseille à tout le monde l’achat d’une douche solaire : c’est que du bonheur. Je mange un morceau et vais me coucher un peu plus tard. Je suis réveillé vers minuit. Le détecteur de ma deuxième canne de gauche s’emballe pour ne plus s’arrêter. Je saute dans la barque pour passer au-dessus des herbiers. Avec quelques efforts, je sors une petite commune de 8kg. Dans la foulée, je replace ma ligne. Deux heures plus tard, c’est à nouveau la même ligne qui déroule. J’engage le combat du haut de ma barque. Je me fais traîner sur plusieurs mètres, dans la descente du courant. Finalement, le poisson monte à la surface et se glisse au fond du filet. Il s’agit certainement d’une belle commune, vu la difficulté à hisser le poisson dans la barque. De retour sur la berge, le peson indique un poids de 15kg. Voilà une bonne chose de faite ! En fin de nuit, je sors encore 3 poissons entre 7 et 11kg, sans compter les prises de brèmes et barbeaux. Je n’ai pas fermé l’œil de la nuit. Par chance, j’ai pu monter mon abri derrière les arbres, pour avoir de l’ombre toute la matinée. J’arrive à dormir un peu, entre 9 et 11h. Il est bientôt midi, c’est l’heure de manger. Les carpes l’ont bien compris. J’enregistre un départ sur ma canne de gauche. Je pose une nouvelle petite commune sur le tapis de réception. Je relance la ligne aussitôt. Je n’ai même pas le temps de regagner mon siège qu’elle redémarre instantanément. Rebelotte : barque, combat, mise à l’épuisette, retour à la rame, pesée et relâche du poisson, sans toucher les 20 mille de la case départ. Cette fois, c’est à mon tour de dévorer une bonne salade de tomate. Vers 14h, je reçois la visite de « Nouveau ». Un collègue de pêche, membre et trésorier de mon club Suncarpe26. Il décide d’aller chercher son matériel pour s’installer à côté de moi. Il fait vraiment très chaud, sans un brin d’air. Je tourne autour des arbres pour profiter d’un peu d’ombre. « Nouveau » me rejoint vers 16h, en montant son matériel sous un gros soleil de plomb. Voilà une bonne solution pour brûler les graisses. Je sors encore quelques poissons dans l’après midi. Nous profitons d’un bon barbecue à la tombée de la nuit. Après deux nouvelles carpes, nous pouvons attaquer le dessert. Je prends ma douche et me couche un moment après. Pas le temps de fermer les yeux, j’entends le sifflement d’un détecteur de « Nouveau » . Puis quelques minutes après, un autre départ sur sa batterie. « Nouveau » me demande de l’aide, j’accours pour saisir la deuxième canne. Nous mettons deux carpes en même temps sur le tapis, dont une jolie miroir de 12.5kg.
Je regagne mon couchage pour essayer de trouver le sommeil. Rien à faire, les poissons ne me laissent pas tranquille, mes détecteurs émettent des bips intempestifs toutes les cinq minutes. Les brèmes doivent sucer mes pellets sans se piquer. Soudain, mon détecteur de droite se met à hurler. Il s’agit de la ligne suspendue à la bouée. En sortant de la tente, je suis flashé telle une star de cinéma. Un orage gronde autour de moi. Dans ma barque, au milieu du Rhône, je ne fais pas le malin avec une canne en carbone à la main. Le poisson ne me facilite pas la vie. Il descend à grande vitesse dans le courant. Je me retrouve à plus de 300m de mon poste de pêche. J’essaie de ne pas trop lever la canne en l’air, je ne voudrais pas me transformer en toast grillé. La carpe vient petit à petit, pour finir à l’épuisette. Je reviens à la rame et remets à l’eau ce poisson de 10kg. Je ne prends pas de risque, la ligne reste sur le rod-pod avec l’hameçon accroché à l’anneau. Je n’ai pas le temps de me recoucher, j’ai une nouvelle touche sur la ligne de gauche. Je sors une petite commune de 7kg. Comme la canne précédente, je ne rejette pas la ligne. Il fait seulement quatre gouttes, l’orage a dû éclater derrière moi, sur les collines ardéchoises. Je trouve enfin le sommeil, je n’en pouvais plus. Après une grasse matinée bien méritée, je me lève vers 10h. « Nouveau » n’enregistre aucun départ dans la nuit. Je déjeune et commence à plier bagage, pour un départ à 11h45. Quelques heures plus tard, j’apprends qu’il est tombé de la grêle, pendant trois quarts d’heure, sur le Puy en Velay. Heureusement que cet orage m’a épargné, malgré une petite pensée aux gens touchés par ce sinistre. Le bilan de cette session est très bon. J’enregistre 12 départs, pour 12 carpes, dont une belle commune de 15kg. Ce poste me réserve toujours de bonnes surprises. Malgré une deuxième nuit écourtée, je suis satisfait de cette pêche. Il ne faut pas jouer avec le feu, la pêche reste avant tout un plaisir. |