Nous sommes le dimanche 12 septembre 2010. La deuxième partie de mes vacances va se dérouler sur le plan d’eau de Pannecière, en compagnie de Fabien, notre administrateur PowerCarp. Il s’agit d’une grande retenue de barrage de 520ha sur la rivière Yonne, située près de Château-Chinon dans le massif du Morvan.
Je vais effectuer ma sixième édition sur ce plan d’eau, autant dire que les carpes n’ont plus aucun secret pour moi à cette époque de l’année. Le réveil sonne à 5h du matin. Je vide mon frigo dans la glacière et m’installe dans le siège de mon Kangoo pour faire route vers le nord. A cette heure de la journée, je n’ai aucun problème pour circuler et effectuer la traversée de Lyon. Je m’arrête dans une boulangerie à Autun pour prendre soin de me remplir l’estomac avec un pain aux raisins et un autre au chocolat, puis je reprends la route. Le voile noir de la nuit disparaît, en laissant place à un magnifique soleil. J’arrive à destination sur les coups de 9h. J’ai déjà une idée du poste pour m’installer, mais va-t-il être libre ? Je visite tout d’abord le secteur d’Huard pour faire une estimation sur la fréquentation du site. Il n’y a personne en début de parcours, mais la deuxième moitié est recouverte de biwy. Je reprends mon chemin et me dirige vers le secteur de Blaisy. J’aperçois plusieurs tentes posées sur la berge dans mon champ de vision. Je me gare pour rendre une petite visite aux carpistes. C’est avec grande joie que je trouve mon poste disponible. De plus, les deux carpistes de droite sont en train de plier. Après quelques échanges entre nous, ils m’annoncent qu’ils ont fait très peu de prise dans la semaine. Un peu plus loin, le pêcheur de gauche tient le même discours. Mon moral n’est pas atteint, je suis d’une motivation hors du commun. Fabien arrive que demain matin, je m’installe sur une pointe en laissant tout le côté droit disponible. Ma première mission est de détecter avec mon écho-sondeur, les arbres immergés de part et d’autre du lit de la rivière. Je m’empare de trois repères et mon embarcation, pour baliser la zone de pêche. Je trouve très facilement le lit de la rivière dans 23m de fond, grâce à l’accumulation de vase sur le fond, visualisée sur ma petite télévision. Les arbres sont beaucoup plus difficiles à détecter, c’est en pratiquant la pêche que je trouverai les passages de libres. Les repères sont positionnés en ligne droite parallèle à la berge, à 110m du bord derrière le lit. « Je pense surprendre beaucoup de lecteurs en voulant effectuer une pêche dans 23m d’eau. Non cela n’est pas une faute de frappe, c’est bien vingt-trois mètres. Je vous laisse lire la suite pour en tirer les conclusions » Je refais les montages de toutes mes lignes, afin de pêcher dans les meilleures conditions. Je prends le temps de casser la croûte et je commence à déposer mes lignes en bateau. Je centralise mes deux cannes du milieu, avec des esches aux pellets de 25mm et un amorçage avec du 7, 15 et 25mm. Les deux autres lignes à chaque extrémité sont muni de bouillettes fruitées. Le temps se gâte très rapidement, je monte mon biwy pour pouvoir affronter la pluie si elle s’approche d’un peu trop près. Cela ne traîne pas, à peine les affaires à l’abri que les gouttes font leurs apparitions. C’est incroyable, les lignes trempent seulement depuis 1h30 et j’enregistre mon premier départ. Bien sûr, sous la pluie ! J’enfile mes habits imperméables et cours au rod-pod pour saisir la canne de droite. Heureusement, il n’y a pas d’éclair à proximité. Les poissons de ce plan d’eau sont toujours aussi combatifs. Je parviens à l’extraire des arbres pour mener un combat sans merci sur la bordure. Je sors ma première carpe miroir de 8kg. Je relâche aussitôt le poisson pour très vite me remettre à l’abri de la pluie. Le vent se lève violemment, une bourrasque venant de je ne sais où m’arrache deux sardines sur le côté gauche de mon biwy. Ma sur-toile fait un vol plané sur l’arrière, me laissant à poil sous la pluie. C’est un peu la panique, j’attrape le mat en aluminium d’extrême justesse avant le décollage complet de la tente. Toutes mes affaires se mouillent : duvet, nourriture, vêtement … Dans le même temps, ma deuxième canne de gauche se met à dérouler. Je sacrifie la touche au gré de mes biens personnels. En quelques minutes, je plie le biwy en boule et jette toutes mes affaires dans le Kangoo. Par chance, ma toile n’est pas déchirée et la pluie n’a pas eu le temps de trop mouiller mon matériel. En ce qui concerne le poisson, il a eu tout le plaisir de s’enrouler autour des arbres immergés. La première casse est inévitable. Je n’ai pas le temps de reposer les montages qu’une autre ligne se tend pour laisser place à un nouveau départ. Le poisson se bloque dans une branche pendant quelques secondes, puis en sort pour venir sur le bord. Le combat est redoutable, les rushs sont puissants et très violents. C’est seulement au bout d’un bon quart d’heure que je hisse hors de l’eau une jolie commune de 10kg. La violence du combat est justifiée, la carpe est piquée sous le ventre. Elle s’est certainement roulée sur mon pellet. Je retends le plus vite possible les trois lignes encore hors de l’eau. Pour le deuxième montage de mon biwy, cette fois je prends garde à l’orientation de l’entrée. Le carpiste de gauche vient prendre de mes nouvelles. Je lui raconte mes aventures et la prise de deux poissons sur trois touches. Il a fait seulement une carpe en 48h, son visage en dit long sur ma pêche miraculeuse. Pendant notre discussion, j’enregistre un nouveau départ sur la ligne de droite. Le poisson regagne facilement le bord pour se livrer quelques minutes plus tard à mon épuisette. C’est une belle miroir, certainement ma plus belle prise dans ce plan d’eau. Mon record actuel est de 14kg. Pour me faire plaisir, mon peson indique 14.5kg. Je profite des dernières lueurs du soleil pour prendre les photos. Le carpiste d’à côté en est dépité. Je profite du début de soirée pour me préparer à manger. Après mon repas, je m’allonge sur mon bed-chair pour essayer de trouver le sommeil. Le jour se lève petit à petit, je n’ai presque pas fermé l’œil de la nuit, les touches ont été nombreuses. Fabien arrive vers 9h avec les croissants. Je prépare le cacao pour bien commencer la journée. Je fais un état de mes premières heures de pêche. J’en suis à 9 départs pour 7 poissons, avec une belle moyenne à 10kg. Fabien est heureux de savoir que les carpes sont mordeuses. Il s’installe sur ma droite comme prévu. Il dispose à son tour, des repères dans le lit de la rivière. A ma grande déception, la journée est calme, en enregistrant seulement deux touches de brème. Il faut attendre la nuit pour entendre de nouveau les détecteurs sonner. Pour cette deuxième nuit, j’ai beaucoup moins de chance. Je fais seulement un poisson de 6kg pour quatre touches. Les arbres ont été fatals sur les départs. La journée de ce mardi est magnifique, le soleil nous colore la peau d’un joli rouge écarlate. Fabien enregistre une touche à 14h, il sort une jolie petite miroir de 5.5kg. En milieu d’après-midi, j’aperçois le carpiste de gauche en train de plier bagage. Je vais le voir, il n’a pas le courage de rester plus longtemps. Il n’a pas de touche et en voyant ma pêche, il déclare forfait. Il faut une nouvelle fois attendre le coucher du soleil pour que les touches reviennent. Le poisson devient très actif sur mes zones d’amorçages. Pour moi, la nuit est courte. Vers 2h, la ligne de droite déroule en même temps que celle d’à côté. Par chance, j’arrive à sortir les deux carpes. Le bilan de la nuit et plutôt sympathique, je fais 8 départs pour 7 poissons, dont une miroir de 10.5kg. Fabien a moins de chance que moi en manquant deux poissons dans la nuit, avec une décroche et une casse. Dans la journée de mercredi, le ciel se recouvre de gros nuages pour amener la pluie. Comme la veille à 14h, Fabien sort une miroir de 5.5kg. L’histoire se répète. La petite pluie amène aussi les départs, je fais trois carpes de 8, 9 et 10kg en 45 minutes entre 16h et 16h45. La cerise sur le gâteau arrive à 21h15 suivant un bon repas. Après une belle touche sur la deuxième canne de gauche, j’engage un combat sans merci avec le poisson. A droite, puis à gauche, 10 mètres de rush, la carpe ne se laisse pas faire. Le combat est bien supérieur à d’habitude, cela doit certainement être un beau poisson. Au bout d’un quart d’heure de lutte, le spécimen se rend à l’épuisette. Il s’agit d’une jolie commune de 15kg, mon nouveau record ici. La nuit de mercredi à jeudi est chaotique. Je parviens à obtenir 4 départs, se soldant tous par une casse ou une décroche dans les arbres. Quand la poisse s’y met, on ne peut pas faire grand-chose. Les nuits sont fraîches, mais au lever du jour, le soleil nous réchauffe très vite. Pour sauver cette mauvaise nuit, je parviens à obtenir 4 touches dans la journée. Sans l’expliquer, j’arrive à sortir tous les poissons. Quatre carpes miroirs de 8 à 10kg. En soirée, nous avons le temps de cuisiner un bon petit plat de pommes de terre et tomates avec des blancs de poulets. Ma devise est : pour bien pêcher, il faut bien manger ! Nous-nous couchons avec le ventre bien plein. Je suis réveillé par un premier départ à minuit, puis trois autres fois jusqu’au matin. Sur 4 départs, je perds seulement un poisson. Les carpes sont de tailles correctes : 12kg, 8kg et 10kg. Au lever du jour, je suis réveillé par deux carpistes en train de discuter devant ma tente. Cela n’est pas très agréable, j’attends un peu, puis je sors pour prendre la température. Ils ne traînent pas à venir me voir pour connaître le résultat de ma pêche. Je leur explique ma session en disant que je quitte mon poste demain matin. Ils veulent s’installer où je suis posé. En attendant mon départ, ils plantent leur campement sur ma gauche. Nous avons la visite de deux personnes chargées de nous apprendre qu’il y a un concours de pêche aux carnassiers qui débute demain matin à 9h. 87 bateaux sont attendus sur le plan d’eau. Je fais mon plus petit poisson vers 13h, une miroir de 5kg. Je décroche une autre carpe sur les coups de 18h30, pendant la préparation du souper. Cela n’est que le début de la débâcle. Cette dernière nuit est une catastrophe, je n’enregistre pas moins de trois casses en très peu de temps. J’attrape une fracture du moral avec l’accumulation du manque de sommeil de la semaine. Je vais me recoucher sans retendre les lignes. Vers 8h, nous commençons à relever les montages pour laisser place à l’armada de bateaux qui va débouler. A 9h, la flotte est lâchée, il y a des bruits de moteur dans tous les sens. Il était bien temps de ramener les lignes. Nous plions petit à petit en laissant sécher les toiles de tente après une belle rosée tombée dans la nuit. Pour être franc, je suis content de quitter les lieux. Une semaine de pêche intensive est vraiment dure physiquement. Surtout après cette dernière nuit difficile. Le kangoo est chargé vers 11h, après mes adieux à Fabien, je décolle aussitôt. Je tiens à remercier Fabien pour ça très bonne compagnie, nous avons passé de bons moments pendant cette semaine, puis surtout bien mangé. Le bilan de cette session est comme les années précédentes, très bon, malgré beaucoup de pertes. En ayant balancé plus de 60kg de pellet et 15kg de bouillettes, la stratégie de pêche a encore fonctionné. Le résultat est de 42 départs pour 26 poissons sortis. Cela représente 250kg de carpe en moins d’une semaine. Toutes les années, le poisson grossit régulièrement. Nous approchons une moyenne de 10kg au lieu de 5, il y a 4ans. La vidange est retardée jusqu’à 2012, je serai de nouveau présent sur les berges de Pannecière l’année prochaine. |