Nous sommes le jeudi 1er novembre 2012. Ce jeudi étant férié, j’ai sauté sur l’occasion pour poser ma journée de vendredi en congé, afin de rallonger ce beau weekend. J’ai la chance d’avoir quatre jours devant moi, pour partir en session de pêche sur notre beau fleuve « Le Rhône ». Mon collègue David qui n’a pas ce privilège, me rejoindra le vendredi en fin d’après-midi. Après plusieurs aperçus sur Internet avec l’aide de Google Earth et une visite sur les lieux le weekend précédent, la destination est bien définie. La partie de pêche va se dérouler sur le vieux Rhône, au sud de Valence. Le niveau du fleuve est assez bas, le barrage hydroélectrique est quasiment fermé. Afin de garantir notre sécurité, j’ai jeté un œil sur la météo du weekend. Quelques précipitations sont attendues dans le nord, mais rien d’alarmant pour nous. Après plusieurs petits chemins à travers les champs agricoles et les vergers, j’arrive sur la rive gauche du Rhône. Le poste de pêche est disponible, mais cela ne m’étonne pas. Au vu du chemin chaotique pour venir jusqu’ici, je ne pense pas que cela soit très fréquenté par les carpistes. La météo est avec moi, le soleil brille en fournissant une température de saison agréable. Un léger vent du sud vient caresser la surface de l’eau. En ne connaissant absolument pas la configuration des fonds, je sors en priorité la barque et l’échosondeur, pour définir la topographie subaquatique des lieux. Le poste se situant en intérieur de virage, le fond s’accentue jusqu’à la berge opposée. La pente est assez douce et caillouteuse jusqu’aux trois quarts, allant de 1m à 9m d’eau. La rive d’en face est composée de roches enchevêtrées les unes sur les autres, formant une remontée très rapide à la surface. La profondeur passe de 2 à 9m en une quinzaine de mètres. Cette berge est bordée d’arbres surplombants la surface de l’eau. En naviguant parallèlement à cette rive, je découvre trois digues en travers, espacées de 75m sous 4m de fond. Elles ont été construites pour casser le courant lors des crues. Voici un bon plan de batail à exploiter. Nous ne serons pas trop de deux pour définir le chemin du passage des carpes. Je choisis de m’installer sur le côté gauche du poste. Je monte tout mon matériel et casse la croute pour reprendre des forces. Après la peau du ventre bien tendue, je peux me mettre au travail, en commençant la dépose des lignes. J’esche ma première canne au maïs, avec un petit morceau de liège afin d’alléger le montage. Je dépose cette ligne en barque, sur ma bordure de gauche dans 1.5m de fond. L’hameçon est accompagné d’une chaussette soluble garnie de pellets en 7 et 15mm. J’arrose le spot de plusieurs poignés de graines et de pellets. Les trois autres lignes vont regagner la berge d’en face, qui semble offrir énormément d’opportunités pour intercepter du poisson. Je présente un premier montage au pellet de 25mm, délicatement déposé sur les roches sous 4m de fond, à droite d’une digue immergée. Ma ligne de droite est déposée de la même manière, près d’une autre digue. Pour la canne du milieu, je garnis le cheveu de maïs avec un peu de liège. Je présente le montage sous un arbre, dans 5m de fond. La batterie de cannes est fonctionnelle à partir de 14h. Il ne reste plus qu’à attendre un groupement de bips salvateur. Je passe l’après-midi à scruter la surface de l’eau pour détecter la moindre activité. Mis à pars quelques blancs, aucune carpe ne montre le bout d’une dorsale. Le soleil se glisse peu à peu derrière la colline, laissant la nature sous la pénombre. J’entends enfin une carpe faire une belle chandelle en bordure, sur ma ligne de gauche. Un petit espoir de touche naît en moi. Après quelques mots fléchés, je mange un morceau et m’emmitoufle au fond de mon duvet. Comme chaque première nuit au bord de l’eau, j’ai du mal à gagner le sommeil. Je reste au pied levé à attendre la touche, tout en tendant l’oreille vers l’extérieur guettant le moindre bruit sur l’eau. Les heures défilent et les rêves m’emmènent doucement dans un monde imaginaire. Je suis réveillé par quelques bips de détecteur, mais il s’agit d’un ragondin qui navigue entre mes lignes. Fosse joie ! Il faut patienter jusqu’à l’apparition des premiers rayons du soleil pour entendre le son virulent d’un détecteur de touche. La deuxième ligne de droite déroule à toute vitesse. Je me saisis de la canne pour prendre contact avec le poisson. Afin de ne prendre aucun risque de casse ou de prise dans un obstacle, je saute dans la barque. Je rejoins le poisson gigotant dans tous les sens. Je parviens à glisser une petite commune au fond de l’épuisette. Le peson n’excède pas les 5kg, mais cela fait tout de même plaisir, après une nuit d’attente. Je me prépare un bon petit déjeuner et replace les lignes. Je décale la ligne de gauche déposée en face, en la positionnant dans 7m de fond. Je dois trouver le passage des carpes pour engendrer un maximum de touche. Ce vendredi, David arrive après une bonne journée de travail. Je l’aide à s’installer sur ma droite, avant la tombée de la nuit. Il dépose deux lignes sur la berge d’en face près d’arbres immergés, dans 2 à 4m d’eau, avec des montages eschés à la noix tigrée. Une troisième ligne est présentée dans le milieu du fleuve, dans une profondeur avoisinant les 9m. Pour le montage de droite, l’appât est positionné en bordure dans 3m de fond. Cette nouvelle batterie de cannes permet une configuration différente de la mienne. Nous allons bien trouver où se nourrissent les poissons. Nous nous installons confortablement avec un petit verre d’apéro et une part de quiche. David a tout juste le temps de finir son morceau, quand son détecteur de gauche s’emballe. Il saute rapidement dans son embarcation pour contrer la dérive de ce spécimen aquatique. Au bout de quelques minutes, je vois la lueur de sa frontale revenir en ma direction. Nous pesons sa première carpe commune à 8kg. Cela n’a pas trainé ! Il démarre ce poisson dans 2.5m de fond. C’est un indice à ne pas négliger pour le bon déroulement de cette session. Dans la foulée, je sors plusieurs carassins sur ma ligne de gauche, positionnée en bordure. Enfin un signe d’activité ! Vers 23h, nous regagnons nos duvets respectifs. Je suis réveillé par un nouveau départ chez David. Je l’entends partir à l’abordage avec sa barque. Puis soudain, l’un de mes détecteurs émet un bip continu. Le temps d’enfiler mes bottes et mon anorak, je cours pour mettre fin à ce sifflement interminable. C’est la ligne de gauche déposée en bordure. Je tente de sortir le poisson du bord, mais je sens rapidement un frottement anormal dans le nylon. Je ne force pas plus et prends la barque pour me débarrasser de l’obstacle sous-marin. Chose faite, le combat s’engage. La bataille est vive, le poisson ne doit pas être très gros. Après plusieurs rushs, la carpe pénètre au fond des filets. Il s’agit d’une commune de 7kg. Pendant ce temps là, David m’a rejoint pour m’annoncer qu’il a décroché son poisson dans un arbre immergé. Il est 4h du matin, je constate que les touches se déclenchent dans moins de 3m d’eau. Les poissons font vraiment les bordures. Je me motive et replace deux de mes trois lignes de la rive d’en face, dans 2 à 3m de fond. Je change les pellets en noix tigrée pour garantir une pêche jusqu’au matin. Je verrai bien si cela change quelque chose, mais je ne peux pas rester les bras croisés à ne rien faire. David enregistre une nouvelle touche un peu avant le lever du jour. Il dépose sur le tapis, une belle carpe commune de 9kg. Nous sommes réveillés au petit matin, par une multitude de coups de fusil. Les chasseurs ne sont pas très loin de notre campement sauvage. J’espère que l’on ne prendra pas une balle perdue. Ce n’est pas le moment d’imiter le cri du cochon ! Il faut dire que nous sommes bien cachés au milieu de la végétation abondante, sur cette berge du Rhône peu fréquentée. La journée s’écoule tout en restant très calme, pas le moindre son de détecteur. Nous espérons que la nuit prochaine sera meilleure. Le soleil trace son chemin, pour laisser place au réveil de la nature nocturne. Le début de nuit reflète la continuité de la journée. « Je crois que nous allons bien dormir ». Le marchand de sable passe vers 23h, nous en jetant une bonne poignée. Je suis réveillé vers 4h30 par le son grave de l’un de mes détecteurs. Le swinger orange a fait une chute vertigineuse. Une belle touche retour ! Je ferre et commence à ramener une petite masse sans résistance. Zut ! Certainement une brème ou un carassin. Sorti de ses rêves, David me rejoint. Soudain, ma ligne de gauche bouge faisant sonner le détecteur par alternance, puis « BIIIIIIIIIIIIIIPPPP !!! » David saisit la canne pour prendre contact. Incroyable ! Deux touches en même temps. Finalement, arrivée au bord, je ne tenais pas un blanc, mais bien une petite carpette. Je me dépêche de la mettre à l’épuisette pour m’occuper de l’autre canne. David me dit qu’il sent des frottements sur la ligne. Je lui laisse ma carpe capturée dans les filets et je lui prends la canne pour faire le point. En effet, le poisson est pris dans quelque chose. David me ramène l’épuisette vide et je saute dans la barque. La carpe se libère et le combat s’engage avec férocité. Le poisson me fait dériver de droite à gauche, mais après quelques minutes, il monte à la surface. Le poisson se fait aussitôt prisonnier. Je me retrouve avec deux carpes communes de 7kg et presque 10kg dans le tapis de réception. Nous immortalisons l’événement et je relâche les deux poissons. Un grand merci à David, qui était debout à ce moment-là pour m’aider. Je replace les deux lignes et replonge dans mes rêves. Je suis réveillé par un violent départ au lever du jour. Le temps de sortir du coma et d’enfiler mes affaires, je pars à la course jusqu’au rod-pod. Le poisson démarre une grande traversée vers la droite. Je m’aperçois d’une boulette de ma part « Dans la tourmente, j’ai oublié de remonter mon épuisette dans la nuit ». David me rejoint avec le filochons, mais c’est trop tard, je sens un gros blocage de la ligne. Je prends mon embarcation et rame jusqu’à l’obstacle. Rien à faire ! C’est bien bloqué ! Zut ! Zut ! Zut ! La casse est inévitable. David n’enregistre aucun départ dans la nuit, puis soudain, sa ligne de gauche déroule à tout va ! Il ramène une dernière carpe commune avoisinant les 8kg. La pluie est annoncée pour cette journée de dimanche, alors nous ne traînons pas à plier le maximum avant l’arrivée des gouttes. Bien sûr, sans négliger la prise de petit déjeuner ! Je décolle des lieux aux alentours de 12h. Le bilan de cette session est assez maigre, pas plus de dix départs sans dépasser les 10kg. Il faut dire que l’eau a subi une chute de température, suite au froid du weekend dernier. Elle est à 12°C, le poisson n’a pas dû apprécier cet écart thermique. Cette nouvelle destination nous a permis de trouver des spots productifs, pour pouvoir mieux les exploiter une prochaine fois. Il nous reste encore beaucoup de choses à découvrir. |